3. Popizz : une nouvelle plateforme de livres jeunesse interactifs
par Clément Monjou le 5 Jul 2011
Le numérique est une aubaine pour l’édition jeunesse.
Pour des nombreuses maisons, il permet d’offrir une nouvelle vie à certains de leurs contenus en leur ajoutant de l’interactivité, une nouvelle dimension qui peut être aussi bien ludique de pédagogique.
A défaut d’être (pour l’instant) un eldorado, plusieurs sociétés étudient ces nouvelles façons de concevoir un contenu et de lire, expérimentant différentes options, des plus classiques aux plus originales.
Parmi elles, la jeune startup Popizz, menée par un groupe d’étudiants de l’école des Gobelins d’Annecy, a conçu un service unique.
Trailer Popizz from GENITEAU Nicolas on Vimeo.
Derrière ce nom se cache une maison d’édition et une plateforme permettant l’achat et la lecture d’histoires interactifs, sur PC ainsi que sur tablette.
L’enfant pourra aussi bien lire que jouer avec les histoires et profiter d’éléments facilitant la mémorisation. L’outil incite à la lecture collective, entre parents et enfants.
Même si, pour l’instant, le produit reste à l’état de prototype (cf. la vidéo ci-dessous qui montre l’outil Popizz en action sur une tablette Windows), 10 titres sont actuellement en préparation chez l’éditeur.
Il s’agira de reprise de grands classiques tels que les 3 Petits Cochons ou le Petit Poucet.
Démonstration from Lucie Desbiolles on Vimeo.
L’un des aspects intéressant de Popizz est la personnalisation. Si comme sur de nombreux programmes il est possible d’activer la lecture audio (celle de l’application ou bien l’enregistrement de l’un des parents), le lecteur est invité dès l’ouverture de l’application à saisir son nom et sa date de naissance pour créer son personnage (un “Compagnon” qui le suivra dans sa balade).
Au fur et à mesure des lectures, l’outil mémorise de la parcours de l’enfant et l’histoire évoluera en fonction (fin différente, une lecture en décembre, ne sera pas la même que durant l’été etc.).
Popizz est une plateforme pleine de promesses que nous avons hâte de voir déboucher sur nos tablettes. Cependant, la jeune startup cherche actuellement des investisseurs pour lancer le développement d’une application iOS et Android. Avis aux amateurs.
Cliquer ici pour voir l'article
Trailer Popizz from GENITEAU Nicolas on Vimeo.
4. Pratiques pédagogiques et apprentissage de la lecture
Incidence
d’un entraînement de la conscience phonémique sur l’apprentissage de la lecture
Les
unités de base d’un système d’écriture alphabétique sont les graphèmes, qui
correspondent aux phonèmes. Pour comprendre ce principe de transcription,
l’enfant doit développer une capacité appelée « conscience
phonémique » qui lui permet de concevoir les mots parlés comme une
combinaison particulière de phonèmes. Mais, le phonème, considéré comme l’unité
minimale de la langue parlée qui permet de différencier - dans une langue
donnée - deux mots (par exemple « bol » et « vol ») est une
unité difficilement accessible à la conscience pour des raisons de
co-articulation (le mot « calcul » est prononcé /kal/kül/ et non
/k+a+l+k+ü+l/).
On a donc supposé qu’un entraînement systématique de la
conscience phonémique faciliterait l’apprentissage de la lecture puisqu’i
permettrait à l’enfant de comprendre le principe de transcription alphabétique. L’impact d’un entraînement de la conscience phonémique sur
cet apprentissage a été évalué à partir de l’examen de 52 études.
Le
premier constat de cette étude est que l’effet est plus important chez les
enfants anglophones que chez les non anglophones (des enfants espagnols,
allemands, hollandais, danois, norvégiens, suédois et finnois), tout au moins
quand l’évaluation est effectuée immédiatement après l’entraînement.
En revanche,
l’impact de ce type d’entraînement sur la lecture à plus long terme est de même
amplitude, quel que soit le système orthographique considéré. Selon les
auteurs, ces résultats s’expliqueraient par le fait qu’un entraînement à
l’analyse phonémique aurait un effet immédiat plus fort chez les anglophones
parce qu’il les aiderait à clarifier les relations entre graphèmes et phonèmes,
qui sont plus inconsistantes dans leur système orthographique que dans les
autres.
De plus,
ce type d’entraînement a un effet très positif chez les enfants à risque pour
l’apprentissage de la lecture, et plus particulièrement dans le long
terme : le gain est alors de presque 1,5 écart-type.
Ce
résultat peut s’expliquer par le fait que ces enfants sont en général
diagnostiqués tôt (au moins en grande section) et sur la base de la faiblesse
de leurs scores en analyse phonémique. Il faudrait donc un certain temps pour
que l’effet de l’entraînement porte ses fruits sur les capacités entraînées et,
ensuite, sur la lecture.
En revanche, l’effet
de ce type d’entraînement sur la lecture, voire sur les capacités entraînées,
est plus faible chez les lecteurs en difficultés, ce qui suggère qu’un déficit
d’analyse phonémique est à la base de leurs difficultés de lecture, un tel
déficit étant difficile à compenser.
Enfin, l’effet le plus
notable est obtenu quand les enfants pouvaient en plus « jouer » avec
les lettres correspondantes aux phonèmes, ce qui suggère qu’une aide visuelle facilite l’émergence de la
conscience phonémique.
Sources : http://www.cahiers-pedagogiques.com/article.php3?id_article=2243
5. Former aux compétences de
demain
L’étude analyse les compétences qui seront requises par le travail,
d’ici 10 ans. Et sa lecture m’a renvoyée à une interrogation: comment
s’assurer que la formation adresse les compétences qui seront toujours
importantes demain?
L’étude d’Institute for
the Future relève tout d’abord 6 vecteurs de changement qui auront une
influence sur les compétences requises:
- l’extrême allongement de la durée de la vie – qui change la nature des carrières et des apprentissages: non plus
une carrière mais plusieurs vies professionnelles, et l’apprentissage tout
au long de la vie.
- l’émergence des machines et systèmes intelligents - ouvrant une nouvelle ère de collaboration homme –
machine mais imposant aussi à l’homme de situer son activité sur « ce
que la machine ne peut pas faire ».
- un « monde informatique »
(computanional world), mettant
en lien un nombre sans précédent d’informations, ouvrant la voie
à une ère du « tout programmable ».
- Un nouvel écosystème des média (new
media ecology), embarquant un nouveau langage pour communiquer: plus
visuel, intégrant les réseaux virtuels et la réalité augmentée dans notre
quotidien, modifiant le rapport des individus à leur identité, à la
réalité, et les rapports interpersonnels.
- De nouveaux modes de production et de création de
valeur: grâce aux technologies, aux médias sociaux, il
est désormais possibles à des individus d’atteindre ensemble des
résultats qui auparavant ne pouvaient être atteints que par de très
grandes organisations.
- Un monde globalement connecté, le développement des marchés dans les pays émergents, qui obligent
les organisations à prendre véritablement en compte la diversité
et à s’adapter.
A partir de ces
6 vecteurs d’évolution, Institute for the future anticipe 10
compétences critiques pour demain:
1- L’intelligence des
situations et des signes (Sense making)
Aussi performante soit elle, une machine ne peut faire
qu’avec les informations qu’elle a. Ce qui est spécifique à l’homme, et
restera incontournable quelle que soit la place prise par les machines
intelligentes, c’est l’intuition, la capacité de « faire du sens »
(sense making) à partir de ce qui n’est pas dit, pas écrit, d’aller chercher au
delà de l’information la signification de ce qui est exprimé.
2.
L’intelligence sociale
Se relier aux autres d’une manière profonde et
directe, ressentir et provoquer des réactions et des interactions désirées
- encore une capacité que les robots n’auront pas!
3. une pensée originale
et adaptative
Trouver des solutions et des réponses au delà de la
tâche prescrite, pour répondre aux besoins de la situation du moment.
4- Une compétence
interculturelle
Elle permet d’oeuvrer dans différents
environnements culturels. Il ne s’agit pas seulement de maîtriser des langues
étrangères, mais aussi de s’adapter. Et pas seulement pour ceux qui travaillent
à l’étranger: la recherche montre que la diversité, en âges, compétences,
disciplines, façons de pensée, est un facteur d’innovation et de
performance.
Les travailleurs de demain devront savoir identifier
ce qui les rassemblent, être capables de construire des relations pour
travailler efficacement avec des gens différents d’eux.
5. La pensée
informatique (computational thinking)
C’est l’habileté à faire du sens à partir d’un
grand nombre d’informations, et de comprendre les raisonnements fondés sur des
données. Il s’agira de savoir effectuer des simulations, de faire des analyses
statistiques, mais aussi de savoir aller au-delà des modèles.
6. La culture des
nouveaux médias
C’est l’habileté à évaluer et à développer des
contenus dans les nouveaux médias, et de les utiliser pour communiquer de façon
persuasive. Cela inclue les vidéos, les blogs, les podcasts, la
communication visuelle sortant du powerpoint statique.
7. La
transdisciplinarité
C’est la capacité de comprendre des concepts au
travers de multiples disciplines. Les problèmes globaux d’aujourd’hui
requièrent une approche pluridisciplinaire. Il ne s’agit pas seulement de faire
travailler ensemble des experts de différentes disciplines, mais qu’ils soient
capables de parler le langage de l’autre. C’est le travailleur « en
T », selon l’expression d’Institute for the Future: connaissant très
profondément un problème, mais capable de parler dans les langages d’une large
gamme de disciplines. Cela implique de la curiosité, la volonté
d’apprendre bien au delà de la formation initiale.
8. Un esprit de
« designer »
C’est la capacité à représenter et développer des
processus pour obtenir les résultats désirés. Il s’agit d’avoir conscience du
type d’environnement nécessaire pour réussir les activités, et d’adapter
l’environnement (par exemple les espaces de travail.. et de formation!) en
fonction.
9. La gestion de la
charge cognitive
C’est l’habileté à discriminer et filtrer
l’information selon son importance, et à comprendre comment maximiser son
fonctionnement cognitif en utilisant une variété d’outils et de techniques.
10. La collaboration
virtuelle
C’est l’habileté à travailler de façon productive, à
susciter de l’engagement et à affirmer sa présence en tant que membre d’une
équipe virtuelle. A ce titre, les techniqus issues du jeu en ligne (gaming)
sont très efficaces pour s’engager dans une large communauté virtuelle.
10 ans, c’est pour bientôt, c’est déjà là…
Petite
question: lorsque vous élaborez votre plan de formation, lorsque vous concevez
ou animez vos formations, lorsque vous pensez à vos propres besoins de
formation … intégrez vous ces compétences?
Il ne s’agit pas de se réfugier derrière le fait que
les medias sociaux n’ont pas encore droit de cité dans toutes les entreprises.
Il s’agit de penser « compétences collectives »,
« coopération », « encouragement à la pensée critique »,
« développement de l’esprit d’analyse », « interactions »,
« interdisciplinarité »…
Bien sûr, si l’on embarque les media sociaux,
c’est mieux, parce qu’ils sont congruents avec ce type d’approche. Et l’on
pense aussi aux serious game, qui permettront de faire coopérer en ligne
et à distance les apprenants.
Mais, au-delà des solutions techniques, il s’agit
surtout de le vouloir, d’en faire une priorité.
Lorsque je regarde la formation des nouveaux entrants
dans de nombreuses entreprises, je suis frappée de voir à quelle point elle est
centrée sur les compétences individuelles, faisant peu appel à la coopération,
à l’intelligence du « système entreprise »: quand ces nouveaux
salariés apprenent ils à travailler ensemble?
Quand les salariés plus anciens ont ils la possibilité
de développer leur culture des nouveaux médias, leur approche de la
diversité et de la transdisciplinarité?
La pédagogie du XXIème siècle pourrait bien être
celle du collaboratif …
6. Le tableau blanc au Mali
L'utilisation du Tableau Blanc Interactif (TBI) en classe de FLE
Extrait de l'article de Claire Bourgeois dans Le français dans le
monde n°355
« L'utilisation du Tableau Blanc Interactif en classe de Français Langue
Étrangère. L'exemple du French Institute
Alliance Française (FIAF) de New York. »
(...) il a fallu former progressivement l'équipe enseignante, plutôt
hésitante au départ, mais vite convaincue par les avantages que présentait
l'outil : non seulement un tableau blanc amélioré (avec nombre de pages
illimité, possibilité de sauvegarde, impression et envoi des notes par courrier
électronique à un étudiant absent), mais aussi un accès haut débit à l'Internet
avec toutes les possibilités que cela suppose et l'accès en réseau au dossier
personnel de l'enseignant et aux dossiers créés par l'équipe pédagogique
proposant : images numérisées, clips vidéos, extraits audio, exercices
interactifs et animations PowerPoint classés par méthodes, sujets (publicités,
cartes, personnages célèbres…) et niveaux offerts.
7. La
disparition de l’écriture
Posté par JR dans la catégorie En
vrac
Je ne livre pas ici les résultats
d’une enquête sur l’avenir, ni les prédictions d’un Nostradamus de l’école. Je
vous annonce juste la fin de l’écriture manuscrite.
Qu’on s’entende bien, je ne parle pas
de la production écrite, qui avec la presse, l’édition, et les médias en ligne,
n’a fait que croître depuis les dernières années. Je parle bien du geste
graphique manuscrit (« Manu scriptus », écrit à la main).
Pourquoi
écrire à la main ?
Posez-vous la question, lecteurs de
ce billet. Quand donc avez-vous recours à un crayon ?
Les situations existent encore
toutes, mais visent à disparaître au fil des années. Évidemment, j’enfonce une
porte ouverte si je vous dis que les nouvelles technologies sont la cause de
cette future disparition…
C’est principalement leur portabilité
qui engendrera l’oubli du geste écrit.
Actuellement, les recours au crayon sont de 2 ordres :
- 1 écriture
utilitaire : prise de notes, rédaction à l’école ou lors
d’examens, écriture d’une lettre, d’une liste de course, d’un chèque, d’un
post-it…
- 2 pour le
plaisir : écriture d’un poème, réalisation de mots croisés, utilisations
artistiques du geste graphique…
Généralement, l’argument des
défenseurs du stylo joue plutôt sur la 2e caractéristique : « c’est
important, la beauté des lettres, le plaisir du crayon sur le grain du
papier… ». Toutefois, si on analyse l’aspect purement utilitaire de
l’écriture manuscrite, tous les usages semblent disparaître
progressivement :
· la presse, l’édition, les auteurs sont
depuis longtemps passés à l’usage de l’informatique, avec des outils qui
améliorent certainement les créations ;
· dans de nombreux métiers, l’ordinateur
a remplacé le stylo (les pharmaciens s’en réjouissent en mémoire des
ordonnances manuscrites illisibles) ;
chez les particuliers, les usages
changent : la lettre se tape et s’envoie par courrier électronique, la liste de
course prend place dans le téléphone, et la carte postale devient la curiosité
manuscrite des vacances. Mais pour combien de temps ?
Un questionnement pour l’école
Faut-il pour autant abandonner
l’écriture manuscrite, sous prétexte qu’on n’en a plus besoin ?
Chez les pédagogues et les
enseignants, la question s’est déjà posée avec l’usage de la
calculatrice : faut-il abandonner l’apprentissage du calcul mental
puisque notre quotidien nous fournit des moyens techniques pour réaliser
facilement ces calculs ? La réponse donnée par les éducateurs fut souvent
négative, afin de garder la possibilité de calculer des ordres de grandeur.
Or, dans les usages, on ne peut nier
qu’adultes et enfants ne savent pas compter, et surtout, qu’ils ne maîtrisent
plus les techniques de calcul mental automatiques que connaissaient nos aînés
instruits. Cela ne les / nous empêche pas de consommer, tenir un budget, monter
des plans de bricolage, etc.
En terme d’écriture manuscrite, la
question ne se pose pas encore officiellement. Ma hiérarchie pédagogique, avec
en première ligne les programmes officiels de l’Éducation Nationale, me demande
d’apprendre le geste graphique à mes élèves. Je suis fonctionnaire,
donc je fonctionne.
Pourtant, en tant
qu’enseignant, en CP, je me pose la question de la nécessité d’apprendre encore
ce geste graphique de l’écriture, pour des élèves qui n’en auront peut-être
plus besoin dans leur vie adulte.
S’il fallait en effet vraiment mettre
l’accent sur les compétences des citoyens de demain, je supprimerais de mon
emploi du temps l’apprentissage des boucles et des ponts, non sans une certaine
nostalgie du temps passé, tout comme mes anciens collègues ont dû pleurer
amèrement la disparition de l’encrier et de la plume, et de l’apprentissage
associé des pleins et des déliés.
Les temps changent, les techniques
aussi, l’école se doit de les accompagner.
Tu me copieras 50 fois « je ne
dois pas faire mes punitions à l’ordinateur ».
Bien-sûr, cette disparition n’est pas
pour demain (il est plus abordable d’acheter un stylo qu’un notebook),
mais vu la rapidité des évolutions et de l’adoption des nouvelles technologies,
je pense voir de mes propres yeux ce changement. Il est possible que dans
certains corps de métiers, ou chez certains artistes, l’écriture manuscrite
soit encore nécessaire. Dans ces cas, il s’agira toutefois d’une compétence
professionnelle, qui sera enseignée en formation, et non d’une compétence
sociale enseignée sur les bancs de l’école Primaire.
Ce sera donc avec beaucoup de plaisir
que je montrerai à mes élèves, pendant les cours d’histoire, comment
fonctionnaient nos cahiers d’écoliers !
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